Ouvre-moi la porte

Création 1996 | Public de 3 à 7 ans | Durée 55 mn | Fiche technique

D’après le conte n°4 d’Eugène Ionesco. «Je me souviens encore que, dans mon enfance, ma mère ne pouvait m’arracher au guignol du jardin du Luxembourg. J’étais là, je pouvais rester là, envoûté, des journées entières. Je ne riais pas pourtant. Le spectacle du guignol me tenait là, comme stupéfait, par la vision de ces poupées qui parlaient, qui bougeaient, se matraquaient. C’était le spectacle même du monde, qui, insolite, invraisemblable, mais plus vrai que le vrai, se présentait à moi sous une forme infiniment simplifiée et caricaturale, comme pour en souligner la grotesque et brutale vérité. Plus tard aussi, jusqu’à quinze ans, n’importe quelle pièce de théâtre me passionnait, et n’importe quelle pièce me donnait le sentiment que le monde est insolite, sentiment aux racines si profondes qu’il ne m’a jamais abandonné. Chaque spectacle réveillait en moi ce sentiment de l’étrangeté du monde, qui ne m’apparaissait nulle part mieux qu’au théâtre.» (Ionesco, extrait de «Notes et contre-notes»)

La vie est un jeu d’enfant Le conte numéro 4 de Ionesco est un jeu de cache-cache entre un père et sa petite fille: «Va voir là-bas si j’y suis», dit l’adulte qui aimerait bien être un peu tranquille, à l’enfant qui aimerait bien qu’on s’occupe un peu plus d’elle. A partir de cette situation aussi familière qu’absurde, Ionesco s’amuse à transformer le quotidien qui devient loufoque et poétique.

Jeux d’ombres et de couleurs Le Théâtre de l’Ombrelle jongle avec diverses techniques d’ombres auxquelles viennent pour la première fois s’intégrer les photographies. Les décors s’inspirent de l’univers pictural de Magritte, grand voyageur du réel à l’imaginaire (et vice versa) et suggèrent le surréalisme, l’absurde, l’irruption du merveilleux dans la vie quotidienne.

Jeux d’écrans A l’avant-scène, trois grands écrans: ce dispositif scénique permet une simultanéité d’images, tantôt ombres ou silhouettes corporelles, tantôt photographies, ainsi qu’un jeu sur différents cadrages.L’axe du spectacle est la porte: lorsque l’ombre de Josette s’y inscrit en positif, une série d’instantanés photographiques créent l’illusion du mouvement, comme au cinéma. Par contre, lorsque la petite fille parcourt toutes les pièces de la maison (cuisine, salle à manger, chambre à coucher…) dont les meubles et accessoires sont surdimensionnés afin de mettre en évidence sa petite taille, c’est la technique des ombres qui est utilisée. L’utilisation de ces différentes techniques est caractéristique de la démarche du Théatre de l’ombrelle qui dans ce spectacle, mêle théâtre gestuel et masqué, projections d’ombres corporelles à l’univers plus contemporain de la photographie. L’utilisation de la photo permet le jeu entre le «vrai» et le «faux», la photo apportant les émotions de la réalité. Une réalité transposée mais en prise avec le réel. Au lieu d’être un décor, la photo devient acteur dans ce spectacle. Le mouvement se crée à partir d’images fixes, qui se juxtaposent au travail des ombres corporelles et des marionnettes.

Jeux de notes Jérome Clauzel est au piano, devant les écrans. Il joue du Satie, improvise librement. Quand la musique des mots de Ionesco rencontre celle d’Erik Satie, elle joue à cache-cache avec les images, dans l’esprit des projections du cinéma muet. Interprétées en direct, les «petites pièces» de Satie dont Man Ray disait qu’il était «le seul musicien qui ait des yeux», donnent au spectacle fantaisie, rythme et légèreté.

Mise en scène et décors: Florence de Andia ••• Ombres et manipulations: Florence de Andia, Colette Blanchet, Françoise Rouillon et Sylvie Vallery-Masson ••• Musique: Erik Satie ••• Improvisions au piano: Jérôme Clauzel ••• Production: Théâtre de l’Ombrelle